La vie sexuelle au Maroc. 2017 Leïla Slimani

J’ai lu ce recueil comme une oeuvre de fiction. Incrédule et un peu dépassé par ce qu’on y raconte. Tant de misère ne fait pas beaucoup de sens pour moi.

Alors pour cette lecture, il s’agit donc d’un recueil de témoignages sur la sexualité au Maroc, beaucoup de femmes marocaines de tous les milieux et quelques brefs commentaires de sociologues, anthropologues, etc.

Beaucoup de frustrations exprimées. Une dénonciation de l’hypocrisie entourant le sexe, l’amour, l’affection, le comportement des marocains. L’écart de conduite entre l’espace public et les portes closes. Le contrôle sexuel des femmes, des jeunes, surtout des pauvres. Un contrôle institutionnel, culturel, économique et, évidemment, patriarcal.

Bon le Maroc est un royaume. Ça aussi, en partant, ça m’énerve un peu.

L’humanité peut très bien se passer de monarques, mais pas de sexe.

Pour avoir déjà et souvent affirmé, probablement sans trop y avoir réfléchi et vous m’en pardonnerez : un indice valable des libertés individuelles en un endroit donné se trouve dans la capacité pour une femme de se dénuder en public. De la même manière qu’un homme y aurait droit. Torse nu sur une plage, à la piscine, dans un parc, sur son balcon, sur la rue, oui. Sans amende. Sans harcèlement. Sans jugement. Sans violence.

On est loin de tout emballage opaque par convenances religieuses ou sociales (étrangement et universellement réservé aux femmes presque tout le temps).

Encore mieux. La gestion de nos orifices et appendices corporels, à toutes fins souhaitées par soi-même, y compris sexuelles, ne dépends uniquement que de nous. Le consentement éclairé et la majorité sont deux conditions nécessaires.

On devine aussi une crainte de l’auteure, répétée à quelques reprises. Celle d’être désavouée car expatriée, “occidentalisée” et affranchie de ces contraintes. La plupart des témoignages sont eux aussi anonymes.

Je ne connais pas le Maroc. Je ne connais pas de marocains. Je n’y suis jamais allé. C’est sûrement un beau pays et j’ai entendu dire que les gens y sont particulièrement accueillants.

Le code pénal marocain comporte la même déférence divine maladive “LOUANGE A DIEU SEUL” que la constitution canadienne affiche “Attendu que le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit :”.

Ça aussi, ça m’énerve un peu.

Alors, au Maroc, en vertu de l’article 490 du code pénal, je me serais bien tapé une bonne dizaine d’années d’emprisonnement.

Extraits du code pénal du Maroc :

Article 489 : Est puni de l’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une
amende de 200 à 1.000 dirhams*, à moins que le fait ne constitue une
infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre
nature avec un individu de son sexe. (*27,24 $ à 136,24 $ cad.)

Article 490 : Sont punies de l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes
personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du
mariage, ont entre elles des relations sexuelles.

Article 491 : Est puni de l’emprisonnement d’un à deux ans toute personne
mariée convaincue d’adultère. La poursuite n’est exercée que sur plainte du conjoint offensé. Toutefois, lorsque l’un des époux est éloigné du territoire du Royaume, l’autre époux qui, de notoriété publique, entretient des relations adultères, peut être poursuivi d’office à la diligence du ministère public.

À lire, oui. Mais bon, il y a plus estival comme lecture. 🙂