
David Foenkinos 2018
Résumé sur Amazon (une évaluation *****/*****) :
Antoine Duris est professeur aux Beaux-Arts de Lyon. Du jour au lendemain, il décide de tout quitter pour devenir gardien de salle au musée d’Orsay. Personne ne connaît les raisons de cette reconversion ni le traumatisme qu’il vient d’éprouver. Pour survivre, cet homme n’a trouvé qu’un remède, se tourner vers la beauté. Derrière son secret, on comprendra qu’il y a un autre destin, celui d’une jeune femme, Camille, hantée par un drame.
*****
Mon appréciation : ça se lit tout seul sur un petit samedi de congé. Oui, il y a un drame et l’auteur ne tergiverse pas. Avec des descriptions toujours aussi justes et des personnages inspirants. Il y quelque chose de l’air du temps aussi.
J’aime bien lire David Foenkinos car tout est bien lié, bien corrélé dans la destinée des personnages, les lieux, les images, les événements, avec juste assez de suspense et de surprise pour en vouloir plus.
On ressent la détresse d’Antoine Duris, on se doute pourquoi (un peu). Il est désemparé, mais on ne sait pas comment il en est arrivé là. Et pourquoi cette fuite, ce désarroi qui l’étouffe presque ?
Mise en garde (spoiler). On voit sur le bandeau qui accompagne le roman, une section d’une toile d’Amedeo Modigliani représentant sa muse et amoureuse, Jeanne Hébuterne. Son tragique destin est évoqué dans ce roman de plus d’une façon…
Bon, ce roman m’a donné envie de lire “Je suis Jeanne Hébuterne” d’Olivia Elkaim.
Il faut le lire : oui, tout à fait.
Note : B +
Et, au besoin, laissez un commentaire ici-bas !
Geneviève
April 19, 2019 @ 11:33
De façon générale, David Foenkinos exploite avec brio le thème amoureux, de la passion à la rupture, avec ses montées et ses descentes vertigineuses.
Cette fois, il conjugue habilement la beauté à la laideur en passant par l’art. Il propose une narration où l’art est justement au premier plan. La beauté par l’art, une armure contre la fragilité, un pansement sur la laideur.
C’est un livre où la fiction semble rencontrer la réalité tant elle en est près, un roman qui nous fait voyager dans le temps, sur une ligne brisée, et dont la mise en contexte est toujours pertinente, jamais superflue. L’intrigue n’en finit plus de se faire attendre et se prolonge jusqu’à la quasi toute fin, pour notre plus grand plaisir.
Essentiellement, deux histoires en parallèle, puis deux destins qui se rencontrent, non sans fracas. Un roman d’une infinie sensibilité, qui émeut et donne à réfléchir. Un récit où l’on s’attache aux personnages, qu’on a envie de connaître, et même de consoler; qu’on finit par aimer ou détester, mais qui ne laissent pas indifférent.
C’est aussi un clin d’œil à l’histoire de l’art, et plus particulièrement au peintre Modigliani et sa muse, Jeanne Hébuterne; un glissement rapide sur la vie du peintre et son amoureuse, et leur destin tragique. On a envie de poursuivre l’exploration, car on devine bien qu’ils ne figurent pas dans le roman de Foenkinos sans raison.
« Qu’en aurait pensé le peintre ? Antoine avait toujours été fasciné par ces vies réussies après coup. La gloire, la reconnaissance, l’argent, tout cela arrive, mais trop tard; on récompense un tas d’os. Cela paraît presque pervers, cette excitation posthume, quand on connaît la vie de souffrances et d’humiliations du peintre. »
Je l’ai lu en deux traits, du vendredi soir au samedi matin, avec pour seule interruption obligée le besoin de dormir.
David Foenkinos n’a pas son pareil dans le choix des mots qui expriment la profondeur des émotions et le ressenti des personnages. Ses tournures de phrases et figures d’analogies sont habilement employées et font naître régulièrement un sourire, quand ce n’est pas carrément marquer une pause pour réfléchir.
C’est un livre qui me parle, me rejoint, me bouleverse. Si j’avais eu une histoire à écrire, c’est sans doute celle-ci que j’aurais aimé raconter. Et si je devais avoir un quelconque talent pour l’écriture, c’est probablement le style Foenkinos que j’adopterais.
Un ravissement (malgré tout) pour le cœur et l’âme.